Experimental - 1ST PLACE WINNER: Nathalie Daoust
Nathalie Daoust
Korean Dreams
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Photographer Nathalie Daoust’s newest project, Korean Dreams, is a complex series that probes the unsettling vacuity of North Korea. Piercing its veil with her lens, these images reveal a country that seems to exist outside of time, as a carefully choreographed mirage. Daoust has spent much of her career exploring the chimeric world of fantasy: the hidden desires and urges that compel people to dream, to dress up, to move beyond the bounds of convention and to escape from reality. With Korean Dreams she is exploring this escapist impulse not as an individual choice, but as a way of life forced upon an entire nation.
Daoust deliberately obscures her photographs during the development stage, as the layers of film are peeled off, the images are stifled until the facts becomes 'lost' in the process and a sense of detachment from reality is revealed. This darkroom method mimics the way information is transferred in North Korea – the photographs, as the North Korea people, are both manipulated until the underlying truth is all but a blur. The resultant pictures speak to North Korean society, of missing information and truth concealed.
** French Description**
À travers cette nouvelle œuvre Nathalie Daoust s’insinue subrepticement dans le vaste dispositif de fantasme collectif nord-coréen. Se frayant un chemin dans un pays où, sous la contrainte, l’identité se fond, se confond et se perd dans la brume intangible d’un monde fabriqué de toute pièce, elle questionne notre perception du réel et de l’imaginaire. Car, si « la vérité est un mensonge », comme le disait Picasso, le mensonge est aussi une vérité qui s’assène et qui peut être imposée avec force, quand ce n’est avec violence, à l’échelle d’un pays entier.
Dans ce royaume de la duplicité, où tous – hommes et femmes – sont à la fois les acteurs et les spectateurs d’un drame humain sans nom, le réel s’estompe pour ne devenir que traces et lambeaux fantomatiques. Les Nord-Coréens sont élevés au sein d’un système de propagande orwellien, où les attitudes sociales – et même les expressions du langage courant – sont dictées par le régime qui, à force de répétition et de menaces parvient à contrôler les esprits, prisonniers d’une langue pensée pour eux. C’est l’évasion forcée dans un monde fictif construit par le régime. Ainsi, Daoust reprend les thèmes centraux de son œuvre, ceux de l’évasion et du fantasme. Mais, cette fois-ci, il s’agit d’un passage obligé pour les protagonistes, forcés de se soumettre à cette perte d’identité ; ce n’est plus un choix personnel libérateur.
Tout contact direct avec les habitants est strictement proscrit et les visiteurs sont confinés dans le rôle triste et absurde du safariste prisonnier de son bus qui épie un monde sauvage. S’installe donc un dialogue de sourd où il devient impossible de distinguer le réel du faux et où la question de la perception des autres se pose en permanence. Les Nord-Coréens croient-ils vraiment que nous sommes dupes de leur fiction ? Et inversement, comment savoir s’ils y croient réellement eux-mêmes ?
En parfaite adéquation avec son sujet, la technique utilisée par la photographe en chambre noire reprend cette idée de la décomposition du réel dont il ne subsiste que des vestiges indécis. En reproduisant plusieurs fois ses photos, préalablement détachées de leur support papier, elle utilise sciemment la perte d’information qui résulte de ces multiples décollements et reproductions. Car, cette dégénérescence de l’image originale à travers laquelle s’opère un effacement progressif de la réalité – pour ne pas dire de la vérité –, traduit fort justement le contexte nord-coréen où la vie réellement vécue n’est plus qu’un souvenir lointain et dont il ne subsiste qu’une pâle empreinte. Aussi, le spectateur doit-il être attentif pour pouvoir percer les couches de cet oubli, de ce brouillard diffus qui enveloppe la réalité, afin d’atteindre à l’essence perdue de ce pays évanoui.
- Richard Brouillette -
**Spanish Description**
El proyecto más reciente de Nathalie Daoust, Korean Dreams, presenta una serie compleja de fotografías que investiga la vacuidad inquietante de Corea del Norte. Las imágenes revelan un país que parece existir fuera del tiempo, inmerso en un espejismo cuidadosamente coreografiado. Daoust ha pasado gran parte de su carreta explorando el mundo quimérico de la fantasía: los deseos e impulsos ocultos que obligan a la gente a soñar, a ir más allá de los límites de la convención y huir de la realidad. Un impulso escapista entendido en este caso no como una elección individual, sino como un modo de vida forzado sobre una nación entera.
Fotografiar en Corea del Norte está sometido a una política bastante restrictiva que, en el caso de ser infringida, conlleva fuertes represalias. Únicamente está permitido tomar imágenes en lugares permitidos por el régimen. Nathalie Daoust se atreve a transgredir las normas capturando con su óptica personas, lugares y momentos prohibidos.
La canadiense oscurece deliberadamente sus fotografías, buscando el efecto de cámara oscura con el que quiere imitar la forma en que se transfiere la información en Corea del Norte: o las fotografías, como la gente, son manipuladas hasta que la vedad subyacente no es más que un borrón. Daoust pretende hacernos desconfiar de las verdades que creemos inmutables simplemente por el hecho de poder contemplarlas. Las imágenes resultantes de su trabajo hablan de la sociedad norcoreana, de la información perdida, la verdad ocultada y su manipulación.
About author:
Nathalie Daoust’s photographs reflect a love for random places and a wild, inexhaustible sense of inquisitiveness. Exploring, experiencing and documenting rarely visited landscapes and carefully hidden hotel rooms, she spent the last decade producing voyeuristic insights into these otherwise veiled existences.
The Canadian photographer, who studied the technical aspects of photography at the Cégep du Vieux-Montréal, spent two years in the late nineties living in the Carlton Arms Hotel in New York. The rooms, all themed and decorated with wild, colourful murals formed an excellent background for Daoust’s photographic projects which focused on the dark, obscure and, especially in those years, the ghostly. She has traveled extensively and took photos not only of New York hotel rooms but also of Tokyo’s red light district, Brazilian brothels and Swiss naturists populating the Alps.
Daoust has created an oeuvre that is both diverse and intense. Seeking to translate her almost childlike curiosity, her perseverance and her highly individual interpretation of the world into fairytale like stories, she single-handedly creates new myths about modern day society, as well as real-life stories of the underdogs.